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Nantes se mobilise pour sa nouvelle université

Interpellés par le refus tardif de l’École Centrale de Nantes de s’inscrire dans le projet de nouvelle Université pourtant très engagé, de nombreux acteurs du territoire se sont mobilisés pour exprimer leur inquiétude de voir ce projet d’avenir abandonné.

Nantes Université

Nantes Université © D.R.

De quoi parle-t-on ?

Le projet intitulé « Nantes Université » s’appuie initialement sur quatre fondateurs : l’Université de Nantes, le CHU, l’École Centrale de Nantes et l’Inserm. Nantes Université devait être créée le 1er janvier 2020. Elle est le résultat du projet NExT (Nantes Excellence Trajectory), évalué et retenu par un jury international en 2017. Avec, à la clé, un financement par l’État et des collectivités territoriales à hauteur de 330 M€ sur dix ans. 

Pour obtenir ce label, intitulé I-SITE (Initiative Science Innovation Territoire Économie), Nantes s’était distinguée en proposant de capitaliser sur la complémentarité et la convergence des quatre acteurs. Un projet unique en France, visant à approfondir et promouvoir deux axes d’excellence de la recherche nantaise : la santé du futur et l’ingénierie du futur. Et qui permettrait de hisser le territoire à un niveau au moins européen sur ces sujets.

Quel est le problème ?

Ce projet a été remis en cause après le vote négatif, contre toute attente, du conseil d’administration de Centrale Nantes, début octobre. Raison officielle invoquée : la crainte de l’école de perdre son indépendance.

Les statuts de Nantes Université ont pourtant été pensés et écrits par les quatre fondateurs. Ils prennent appui sur l’identité et les atouts de chacune des entités pour construire une stratégie partagée et ériger un nouvel établissement. Ce rappro­chement s’inscrit par ailleurs dans une démarche expé­rimentale, chaque établissement étant libre d’y mettre fin à tout moment.

Quelles ont été les réactions ?

L’Agence nationale de la recherche avait initialement donné la date butoir du 18 novembre pour finaliser le projet. Elle a finalement accordé un délai jusqu’au 9 décembre, date à laquelle l’École Centrale réunit de nouveau son conseil d’administration. Une deuxième chance, donc, d’aller au bout du projet initial.

C’est dans ce contexte que plusieurs tribunes et pétitions ont circulé. La première avait été lancée dès octobre par les chercheurs et universitaires. Et avait reçu le soutien de plus de 1000 signataires. 

Un acte fort, qui a été suivi d’un autre, sous la forme d’une tribune signée par Soizick Angomard (agence Maïos), Jean Blaise (Le Voyage à Nantes), Yves Gillet (Kéran) et Laurent Théry (urbaniste et préfet honoraire). 

« Les transitions écologiques, digitales et sociétales se moquent de nos chapelles. » C’est par ces mots choisis que le collectif a exprimé son émotion. Et de poursuivre : « Nous ne comprenons (…) pas le refus tardif du conseil d’administration de Centrale Nantes de confirmer son engagement dans cette démarche. Refus exprimé au terme de trois années de préparation intenses ayant apporté les garan­ties réclamées par cette grande école sur son autonomie et son identité, assorties d’une clause de sortie possible. »

Devenue pétition, cette tribune a recueilli plus de 600 signatures sur le site Change.org. Acteurs économiques, politiques, culturels, mais aussi citoyens ordinaires, et notamment des centraliens, se sont ainsi émus du risque de voir capoter le projet de la nouvelle Université nantaise. Une mobilisation exceptionnelle, qui montre que le recul de l’École Centrale a interpellé bien au-delà des seuls professionnels directement concernés…

Pourquoi une pétition ?

Pour ses auteurs, il s’agit d’une initiative « citoyenne » qui a été prise sous le coup de l’émotion et qui a fédéré. « C’est la preuve qu’à Nantes, on a cette capacité à faire bouger en faveur d’un projet d’avenir, explique Soizick Angomard, co-auteur de la pétition et dirigeante de Maïos, un cabinet de conseil en architecture et aménagement. Et pour l’Université de Nantes et ses partenaires, c’est une façon de leur montrer qu’ils ne sont pas seuls. » 

Parmi les acteurs signataires, Catherine Lesage, avocate et ancien bâtonnier du barreau de Nantes, motive, elle aussi, son engagement. « Cette pétition, c’est pour dire qu’on peut passer à côté d’une chance historique », précise celle qui est aussi membre des ambassadeurs de la Fondation de l’Université de Nantes, présidée par Jean-Marc Ayrault, lui aussi signataire. « Je trouve ahurissant qu’on travaille pendant tant d’années sur un tel projet et qu’au dernier moment on dise non. Le procédé est troublant. » 

Et si Centrale Nantes persiste et signe ?

Que se passera-t-il après le 9 décembre si le conseil d’admi­nistration de l’École Centrale confirme sa position première ? Le projet sera-t-il forcément enterré ? Dans sa version actuelle, oui, estiment les acteurs concernés.

Resterait alors une possibilité : reprendre le dialogue avec l’État afin d’étudier un nouveau projet centré cette fois autour des seuls signataires : l’Université de Nantes, le CHU et l’Inserm.

Catherine LESAGE,
avocate et ancien bâtonnier du barreau de Nantes, membre des ambassadeurs de la Fondation de l’Université de Nantes, est co-signataire de la pétition en faveur de Nantes Université.
Photo : Barreau de Nantes

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