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Logistique durable : Idea, un groupe en pointe en matière de RSE

Depuis le début des années 2000, le groupe Idea, prestataire en logistique industrielle basé à Montoir-de-Bretagne, s’est engagé dans un travail de fond pour améliorer sa performance environnementale et sociétale. Une stratégie qui s’appuie tant sur les process que sur les collaborateurs.

Le groupe IDEA compte 286 500 m2 d’entrepôts et d’ateliers. Il étudie la mise en place de panneaux photovoltaïques sur plusieurs sites. Photo Groupe Idea

Prestataire logistique, le groupe IDEA intervient à tous les niveaux de la supply-chain, dans les domaines de l’aéronautique, la défense, l’énergie ou encore l’industrie manufacturière. Il compte 1 500 salariés et un chiffre d’affaires annuel de 150 M€. Le groupe a engagé une réflexion depuis le début des années 2000 sur la performance globale du groupe, englobant à la fois la rentabilité et les aspects sociétaux et environnementaux. Bruno Hug de Larauze, PDG du groupe, rappelle : « Initialement, la logique d’une entreprise est de satisfaire ses actionnaires, les « share holders ». Puis l’Agenda 21 (lancé lors du Sommet de la Terre, à Rio, en 1992, NDLR) a introduit la notion d’impact vis-à-vis des parties prenantes, « les stake holders » c’est-à-dire l’entreprise en elle-même, ses clients et la société. En matière environnementale, l’impact d’une entreprise comme la nôtre est négatif par nature. »

« Dans notre entreprise, nous avons voulu analyser où se trouvaient les leviers d’action, à chaque niveau du groupe, cela s’appelle la matrice de matérialité, un outil clé dans la définition d’une stratégie de responsabilité d’une entreprise », explique encore le PDG. 

Bruno Hug de Larauze, dirige le groupe Idea, en pointe en matière de RSE grâce à la norme ISO 26000. Photo Oioo.fr

Objectiver les actions de l’entreprise

La mue démarre donc : acquisition de grues électriques, de camions aux normes Euro 6 qui diminuent par deux les émissions polluantes. Le groupe instaure aussi un système de participation des salariés destiné à les engager encore plus dans le projet d’entreprise. 300 d’entre eux deviennent actionnaires en 2019. Tout en favo­risant leur autonomie et leur implication dans les projets du groupe. 

Depuis les années 2000 également, IDEA engage des start-up comme fournisseurs. « Nous sommes convaincus qu’une entreprise isolée est une entreprise en danger », explique encore Bruno Hug de Larauze. En 2010, IDEA rejoint d’ailleurs l’association Dirigeants responsables de l’Ouest (DRO). « À un moment 
donné, nous nous sommes interrogés : qui étions-nous pour être juges de nos propres actions ? Nous avons voulu objectiver tout ce que nous avions entrepris à travers la norme internationale de Responsabilité sociale et environnementale ISO 26 0001, la plus connue par les clients, notamment à l’international. » 

IDEA a été évaluée par l’Association française de normalisation (Afnor) en 2013 pour son activité transport, en 2016 pour la logistique et en 2019 pour l’ensemble des activités du groupe. Elle a obtenu le niveau trois et deux étoiles de cette norme sur quatre niveaux.

Améliorer les indicateurs de résultat

50% de la norme ISO 26 000 est basée sur les process, 50% sur les indicateurs de résultats. « Nous nous sommes d’abord focalisés sur les process. Aujourd’hui, nous travaillons sur les indicateurs de résultat. Notre business plan 2016-2020 interroge nos relais de croissance pour améliorer notre impact sur la planète. Cela passe par de nouveaux camions, le développement de la start-up Fifty Truck destinée à optimiser le remplissage des camions (lire page 15)… » Le groupe a mis sur pied cette année un comité de pilotage pour la RSE et la structuration des process pour aller plus loin encore. « Cela demande beaucoup de volonté et de créativité », insiste le PDG. Parmi les projets en cours : une diminution de la pénibilité au travail avec l’expé­rimentation de « cobots », ces robots qui remplacent les ouvriers sur la chaîne de production. Autre initiative : l’utilisation de drones pour la vidéosurveillance de ses sites. « Par exemple pour vérifier si une gouttière est bouchée ou l’état d’une toiture. Cela évite des déplacements donc des émissions de CO2. »

Prochaine étape de l’ISO 26 000 : une troisième étoile, puis un niveau quatre. Soit l’atteinte d’un objectif d’entreprise « Global Compact ». « Cela signifierait devenir une entreprise à mission sur laquelle nous sommes en train de réfléchir. 
Mais aujourd’hui avec la loi Pacte2, ces objectifs se télescopent un peu. Nous étudions la possibilité de modifier le statut de l’entreprise. »

Hydrogène et data center plus propres

Toutes ces démarches ont un coût. 65 M€ d’investissement sont en cours. « Nous constatons un retour sur investissement au niveau du carburant. Même si, au global, nous enregistrons plus de coûts que de ROI. Nous recherchons des gains de marges ou de productivité de 10 à 15%. S’agissant du solaire, il y a dix ans, EDF rachetait la production électrique pour vingt ans, nous n’avions pas le droit d’être en auto-consommation. Il va falloir attendre un peu pour gagner à ce niveau-là. Nous étudions la mise en place de panneaux photovoltaïques sur plusieurs sites pour bénéficier, avec les nouveaux contrats, d’une possibilité d’auto-consommation. Ainsi qu’une évolution vers l’hydrogène, pour les engins et les chariots », détaille Bruno Hug de Larauze. 

 » La prise en compte de l’environnement est aujourd’hui incontournable »

Autre cheval de bataille : la collecte de data fiables pour rationaliser les processus et la gestion des systèmes informatiques afin de combattre les cyberattaques. « Les données ont été externalisées dans des data center soucieux de leur consommation électrique tels Sigma ou Proginov. » Ces entreprises informatiques réutilisent par exemple la chaleur fatale émise par les data center. « C’est parfois plus cher, mais c’est mieux », estime le dirigeant. Il insiste d’ailleurs sur l’importance du posi­tionnement des entreprises avec lesquelles son groupe travaille. « Quand on est sous-traitant, on doit devenir co-traitant. 
Sinon la discussion est amoindrie, la marge de manœuvre pour plus de créativité est bridée. » Le chef d’entreprise admet s’être « planté parfois, sur des process pas assez fiables que nous avons dû arrêter. »

Dans tous les cas, « la prise en compte de l’environnement est aujourd’hui incontournable, analyse-t-il. C’est la responsabilité du conseil d’administration de l’entreprise d’une part. D’autre part, les clients y sont sensibles. Sur les camions, c’est assez 
facile, même si les clients craignent d’avoir à payer un surinvestissement. Mais pour les prototypes, notamment de logiciels d’optimisation de la gestion flux intra-usines et inter-usines, des clients comme Airbus, Naval Groupe ou Daher sont ouverts pour tester de nouveaux procédés. »

1. La norme ISO 26 000 est un ensemble de lignes directrices qui regroupe sept thèmes : l’organisation de la gouvernance, les droits de l’Homme, 
les rela­tions et conditions de travail, l’environnement, les loyautés des pratiques, les questions relatives aux consommateurs, les Communautés et déve­loppement local.

2. La loi Pacte du 22 mai 2019 a pour objet la croissance et la transformation des entreprises, notamment par la prise en compte des enjeux environnementaux et sociétaux.