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Transition énergétique : il faut accélérer !

Les énergies renouvelables locales ne couvraient encore que 7,5% des besoins en Loire-Atlantique en 2016. Dans une étude, l’Auran(1) identifie les leviers d’action des territoires. Et appelle à accélérer, tant le chantier est urgent et immense.

Aerial photo of wind turbines at sunset in Sainte Pazanne, France

C’est une feuille de route, au moins méthodo­logique, que dresse l’Auran à travers une étude (2) de son Observatoire partenarial de la transition énergétique. « La mise en œuvre de trajectoires locales, permettant d’atteindre l’objectif d’une baisse rapide et massive des émissions de gaz à effet de serre, reste encore
à construire dans la durée », observe l’agence, qui invite les territoires de Loire-Atlantique à « passer à l’action » et à « mobiliser tous les acteurs », dans une synthèse de 16 pages téléchargeable sur son site internet. « Les ménages et les entreprises, aujourd’hui très largement convaincus de la nécessité d’agir, ont néanmoins besoin de repères. » Ils doivent pouvoir s’appuyer sur « un cap clair, mesurable et évaluable », écrit l’agence.

Des énergies renouvelables marginales

Avant l’action, place aux constats. La Loire-Atlantique consomme chaque année 30 TWh d’énergie, dont près de 90% sont issus de sources importées ou émettrices de gaz à effet de serre. Les produits pétroliers en représentent encore 43%, suivis par l’électricité (26%) et le gaz naturel (22%).
À quoi sert cette énergie ? Aux transports (36%), aux logements (31%, chauffage essentiellement), à l’industrie (16%), au tertiaire (13%) et à l’agriculture (4%).

Quid des énergies renouvelables produites localement ? Même si leur croissance est « forte » depuis dix ans, elles ne représentent que 7,5% des consommations d’énergie dans le département, avec de nettes disparités selon les intercommunalités : Carene (3,1%) et Nantes Métropole (5,7%) comptent parmi les mauvais élèves, tandis que Sud Retz Atlantique (22,9%) et Châteaubriant-Derval (24,6%) sortent du lot. Les énergies renouvelables comptent pour 15% seulement de la
production électrique départementale (7 578 GWh au total), le reste sortant des centrales thermiques de Cordemais (charbon) et de Montoir-de-Bretagne (gaz). « Les marges de progrès restent très importantes même pour l’action publique locale, [laquelle doit] rapidement passer en phase opé­rationnelle, en veillant à cibler, prioriser et systématiser l’action », conseille l’Auran. 

Aller plus vite et plus fort

L’étude invite les décideurs à tenir compte des fortes spécificités territoriales au sein du département. Si le gaz couvre par exemple 23% des besoins énergétiques en Loire-Atlantique (contre 15% en France), cet écart est dû au développement historique du gaz de ville dans les agglomérations de Nantes et Saint-Nazaire. Ainsi ces territoires devraient chercher à produire massivement du gaz renouvelable. À l’inverse, les secteurs du Pays d’Ancenis et de Châteaubriant-Derval sont majoritairement chauffés à l’électricité, ce qui appelle des modes de réponse différenciés.

Désormais compétentes pour aménager et exploiter des installations de production d’énergies renouvelables, aux côtés de l’État et des grands opérateurs, les collectivités devraient assumer « plus fortement » la maîtrise d’ouvrage, estime l’Auran. L’agence plaide pour un engagement « massif » et « rapide » dans une logique multi-énergies, en mettant en place un pilotage opérationnel avec une trajectoire à dix ans, filière par filière, territoire par territoire.

Solaire, éolien, biogaz…

Certes la Loire-Atlantique, pourtant moins bien exposée que d’autres, se place parmi les premiers départements français pour l’énergie solaire, laquelle jouit d’un contexte favorable (aides nationales, baisse des coûts). Mais 95% des installations sont de petites unités résidentielles et le dépar­tement manque de grandes installations permettant de peser sur la production. Le gisement est pourtant « considérable », selon l’Auran, qui a identifié 5000 toitures « sola­risables » (commerce, logistique, industrie…).
« Intéresser plus fortement les entreprises à l’énergie est un levier essentiel pour activer à l’échelle locale des trajectoires ambitieuses. »

Si l’éolien est aujourd’hui, loin devant le solaire, la première source de production d’électricité renouvelable du département, l’Auran affirme qu’il est possible d’en doubler les capacités, tout en préservant les zones habitées et à enjeux. S’agissant des micro-réseaux de chaleur, un potentiel à étudier « à très court terme », l’Auran a identifié près de 50 communes offrant des conditions favorables à leur développement. Et de saluer le projet de la métropole nantaise de raccorder d’ici 2020 près de 30 000 logements. 

Aussi, la Loire-Atlantique, de par son agriculture très développée, offre des potentialités « importantes » de production locale de biogaz dans de petites unités « à la ferme ». Mais cette production « peine à décoller, comparativement aux départements voisins », déplore l’Auran, qui appelle à renforcer l’accompagnement des agriculteurs.

La chaleur « fatale » des industries

Avec sa forte présence industrielle, la Loire-Atlantique béné­ficie d’une ressource importante de chaleur (dite « fatale ») issue des process, aujourd’hui non valorisée. « L’analyse des établissements industriels dotés des procédés les plus énergivores (fours, séchoirs, chaudières) et des niveaux de température élevés (supérieurs à 100°C) montre un potentiel de récupération pouvant couvrir près de 30% de la consommation énergétique des zones industrielles. »

Voilà qui devrait conduire les collectivités et les industriels à engager rapidement des études de faisabilité. Et, au-delà, à partager des stratégies communes, sachant que le secteur pèse pour 16% de la consommation d’énergie du département.

De même, le tertiaire (13% de la consommation) compte des « gisements d’efficacité majeurs », selon l’Auran. Dans les zones d’activité, la mise en réseaux des acteurs constitue « un rôle clé à jouer par la collectivité » pour activer la transition énergétique, souligne l’agence, sans faire l’impasse sur les domaines majeurs de l’urbanisme, du logement et des transports. Bref, il y a encore du travail. Et pas seulement pour l’État.

(1) Agence d’urbanisme de la région nantaise

(2) « Les territoires de Loire-Atlantique à l’épreuve de la transition énergétique », décembre 2019

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